Komyo-In

lundi 19 décembre 2011

Fukushima, risques et solutions

Après une catastrophe comme celle de Fukushima, les émotions sont violentes, elles oscillent entre la colère qui veut trouver des responsables et la tristesse qui veut se rassurer par le déni de la réalité en affirmant que la situation n’est pas si grave qu’elle le parait. Mais seule la recherche de la vérité peut permettre de trouver des conduites adaptées pour l’avenir. Mentir ou minimiser est criminel pour les générations du futur.
Comment se faire une idée juste, les informations sont contrôlées au Japon et aussi en France par le lobby nucléaire qui est très puissant et qui influence l’état ? Les médias ne parlent presque plus de Fukushima, parce qu’il ne faut pas que les français aient peur du nucléaire et le rejettent comme le font actuellement les allemands.
Nous sommes habitués en France à la propagande sur la sécurité des installations et aux oublis pour signaler des accidents dans les centrales. Il y aurait beaucoup à dire sur les militaires qui ont été exposés sans protection aux poussières radioactives pendant les expériences des bombes nucléaires dans le pacifique et qui sont maintenant morts de cancers, sur ceux qui ont travaillé sans masques dans des mines d’uranium et qui ont fait des cancers des poumons, sur l’eau de certaines villes de France qui est contaminée par la radioactivité parce qu’on a déversé du minerai à proximité des sources. De même, après l’accident de Tchernobyl, on a caché la vérité sur le nuage radioactif pour ne pas effrayer la population ni gêner les cultivateurs qui voulaient vendre leurs légumes et maintenant il y a beaucoup de cancer de la thyroïde.  Nous avons besoin du nucléaire parce qu’il ne produit pas de gaz à effet de serre mais pas n’importe comment, il faut une surveillance par des organismes réellement  indépendants.
La catastrophe de Fukushima n’aurait pas été possible si la direction de TEPCO avait tenu compte des risques d’un gros tsunami comme il y en avait eu un quelques années auparavant dans le sud est asiatique. Une telle éventualité a été négligée parce qu’elle aurait obligé à faire des dépenses supplémentaires. La priorité est toujours donnée au rendement économique au lieu de renforcer la sécurité, c’est l’évolution mondiale des sociétés humaines actuelles.
Derrière tout cela, il y a la cupidité, la haine et la stupidité, les trois poisons du bouddhisme qui font que chacun ne pense qu’à son profit, alors que la vraie sagesse c’est de chercher à faire d’abord le bonheur de tous.
L’empereur Shotoku daïshi a mis en préambule de la constitution japonaise qu’il fallait respecter les trois joyaux parce que la valeur d’un état se mesure à l’idéal qui le porte. Respecter les trois joyaux signifie que  la valeur suprême qui doit diriger les choix d’un pays est le bonheur de ses habitants. Au lieu de tout mesurer selon la croissance financière, il est préférable de se demander si on fait évoluer la qualité de vie morale et spirituelle de la population.

La catastrophe de Fukushima vu de France
La catastrophe de Fukushima a surpris à plus d’un titre, d’abord par le courage et la maîtrise des japonais face à l’ampleur des dévastations du tremblement de terre et du tsunami. Puis il semblait impossible qu’un grand pays, très avancé en technologie comme le Japon puisse connaître un accident nucléaire majeur, les japonais sont tellement consciencieux que tout avait dû être prévu pour l’éviter!
Enfin, la manière de gérer la crise a paru être un mélange de savoir faire, de mensonges et d’incompétence. Les dirigeants de TEPCO  n’ont pensé qu’à rassurer la population en minimisant les risques, et même à un moment, ils avaient supprimé les dosimètres pour pouvoir  exposer leurs employés au-delà des limites autorisées. Les hommes politiques avaient fort à faire avec les populations des zones dévastées, ils ont été efficaces mais ils n’ont pas pris la décision pourtant essentielle de faire distribuer des comprimés d’iode à la population pour la protéger du danger du nuage d’iode radioactif qui est venu sur Tôkyô.
D’habitude, les japonais respectent la hiérarchie, aussi le plus étonnant de tout c’est encore le courage et la maturité des hommes et des ingénieurs sur place à Fukushima, qui ont refusé d’obéir aux ordres de leur direction de Tôkyô et qui ont pris sur eux  la décision de continuer à arroser les cœurs des centrales et les piscines insuffisamment remplies d’eau, qui contenaient des quantités importantes de matière radioactive. Ils ont choisi la seule bonne solution, sinon, il y aurait eu une fusion totale des galettes de combustible en une grosse masse incandescente qui aurait émis un nuage radioactif d’une très grande intensité. Ce n’est pas seulement le Japon qu’ils ont sauvé mais une grande partie de la vie de la terre, parce qu’une fois commencé, rien n’aurait pu arrêter ce processus à l’air libre. Jour après jour le poison sous forme de fumées de métal radioactif en fusion se serait répandu dans l’eau et dans l’air de tout l’hémisphère nord.
Au Japon, tout le monde a dû prier pour aider ces hommes courageux,  et ma femme et moi-même,  nous sommes associés par la pensée en faisant des rituels de feu et  de «  yokuyu » pour que les hommes qui travaillent là-bas trouvent les meilleures solutions pour protéger leur vie et leur pays. Ils sont les vrais héros de notre temps et malheureusement, il est fort probable que pour beaucoup, leur vie sera écourtée. 
Evaluer le risque en fonction de la nature humaine
Même s’il n’y a qu’un faible risque, il n’est pas négligeable. C’est un peu comme jouer à la loterie, et à la longue on peut gagner. D’autant que le risque augmente avec le temps parce que les hommes s’habituent au danger et ils font moins attention. Ils s’ennuient dans la routine et ont besoin d’innover et pas seulement d’entretenir la centrale.
Même si le matériel est parfait, les hommes peuvent déraper et faire des sottises.
Souvenez-vous des deux ouvriers japonais ignorants d’une centrale qui avaient mélangé des produits radioactifs dans un seau et qui ont fait un petit nuage radioactif.
De même, l’accident de Tchernobyl est arrivé parce que deux ingénieurs ont voulu faire une expérience ; ils ont levé les barres qui absorbent  les neutrons pour voir ce qui se passerait, et en moins d’une minute la chaleur a augmenté tellement que le système mécanique s’est déformé et s’est bloqué. Ils n’ont pas pu faire redescendre les barres pour le refroidir à nouveau et le réacteur s’est emballé et a explosé.
Des brûlés, des morts et des cancers dans de nombreux pays et des enfants qui naissent difformes. Tout ceci va se répéter des milliers d’années dans toute l’Ukraine et dans les pays autour, juste pour une petite erreur humaine due à la curiosité de deux ingénieurs pendant  cinq minutes.
Un jour, j’ai lu que les pilotes d’avions de ligne n’étaient pas toujours très sérieux et que leur manière de vivre avec les changements de fuseau horaire les rendait parfois dépressifs.
A l’aéroport de Nagoya, il y a quelques années, un accident a eu lieu parce que le pilote et le copilote d’un avion de ligne chinoise étaient saouls au moment de l’atterrissage, on a retrouvé dans leur corps les traces de l’alcool.
Même avec la meilleure volonté, les hommes ne sont pas fiables, ils peuvent se tromper en croyant bien faire. A Fukushima,  un ouvrier a fermé une vanne manuelle de l’arrivée de l’eau parce qu’il pensait qu’il ne fallait pas refroidir trop vite le combustible, il obéissait aux directives, mais dans ce cas-là, c’était une grave erreur, il fallait refroidir immédiatement.
D’autre part, les ouvriers ont perdu vingt-quatre heures après le tsunami avant de tenter de remettre de l’eau dans les piscines. Mais qui peut leur reprocher quoi que ce soit, après le tsunami qui a ravagé les habitations de leurs familles ?
D’un côté l’énergie nucléaire apporte un bien-être pendant quelques années et de l’autre, l’accident produit une dévastation pour des milliers d’années. Mais tant que cela n’a pas eu lieu, on pense que tout va continuer pour le mieux.

Evaluer la situation pour protéger les populations  
Des parties du territoire japonais sont tellement contaminées que plus personne ne peut y vivre, ni même les cultiver, car l’eau, les végétaux, les animaux vont transmettre de la radioactivité en étant consommés.
Des organismes indépendants du gouvernement qui effectuent des mesures ont découvert dans les supermarchés japonais des produits alimentaires faiblement radioactifs. Il faut donc une surveillance très vigilante de la radioactivité de toute la chaîne alimentaire, sinon, dans vingt ans, les cancers se multiplieront même dans les parties du territoire qui n’auront pas été directement polluées. Bien sûr il est plus facile pour le gouvernement de ne pas mécontenter les cultivateurs, les pêcheurs ou les commerçants, et de dire que tout va bien, et qu’un peu de radioactivité ce n’est pas grave, mais c’est un grand mensonge, une attitude irresponsable et criminelle car les effets de la radioactivité s’accumulent à la longue dans le corps.
De même pour l’eau potable de la région de Tôkyô, qui contient des particules dangereuses comme du plutonium entre autre, aussi un brillant universitaire, M.Kodama , directeur du centre des radio isotopes de l’université de Tokyo a parlé devant la diète expliquant que la quantité de matière libérée correspondait à environ vingt fois la bombe d’Hiroshima, et que la décroissance de cette radioactivité serait très lente de l’ordre de 1% par an. Selon lui, tous les efforts de la technologie devaient se tourner vers la purification  de l’eau pour la protection des populations.
Différence entre intoxication chimique et contamination radioactive     
Si un organisme absorbe un produit toxique chimique, un certain nombre de cellules sont immédiatement détruites. S’il survit, il peut à la longue se désintoxiquer et la partie de l’organisme qui a été détruite peut éventuellement se régénérer progressivement.
La vie ou la mort dépend donc de la dose absorbée et de la toxicité du poison.
Pour une contamination par des produits radioactifs, l’importance de l’intoxication dépend de la quantité ingérée, mais à moins d’une dose massive, l’action n’est pas immédiate, et c’est surtout la qualité des rayonnements et la durée pendant laquelle le produit va rester dans l’organisme qui déterminent les effets. Certains corps radioactifs sont éliminés progressivement en plusieurs mois, d’autres se fixent pour longtemps. En général on parle surtout du Césium pour dire qu’il s’élimine en trois mois en moyenne, et que sa durée de vie est relativement courte, mais il y a bien d’autres particules comme le strontium, le plutonium et d’autres encore plus toxique qui vont se fixer pour longtemps dans le corps, ce qui favorise la dégénérescence cellulaire et produit à la longue des cancers.
Donc dire que tel aliment ou de l’eau est faiblement radioactif ne signifie pas que c’est sans danger, mais simplement qu’il y aura moins de morts rapidement dans la population, il n’y a pas de dose admissible sans danger. D’autant que les bébés et les enfants sont beaucoup sensibles aux effets de la radioactivité, parce qu’ils sont en train de construire leur corps et qu’il y a beaucoup de multiplication cellulaire. C’est au moment de la séparation des deux chromosomes qui étaient solides quand ils étaient torsadés que le rayonnement détruit un des brins des gènes et cela provoque le cancer. De même les organes les plus vulnérables sont ceux qui renouvellent rapidement leurs cellules comme par exemple les intestins.
Certains nucléotides se fixent préférentiellement sur les os comme le Strontium, tandis que l’Iode radioactif attaque la glande thyroïde, et le Césium les muscles et les organes digestifs.
Le professeur Christopher Busby a fait des prélèvements sur les filtres à air des voitures de Tôkyô, et il a pu constater qu’il y avait une beaucoup plus grande radioactivité dans l’air que ce que prétend le gouvernement Japonais. Le gouvernement veut rassurer la population et il calcule la radioactivité mesurée à dix- huit mètres au dessus du sol et bien sûr elle est faible mais au niveau du sol la radioactivité est forte et elle affecte les passants qui respirent des poussières.  A Tôkyô, il y a non seulement du Césium mais de l’uranium, du strontium et du plutonium. En minimisant le problème, le gouvernement japonais veut éviter une forte réaction des populations contre le nucléaire et éviter une fuite de la population.
Pourquoi mentir sur la situation si ce n’est dans le but de la continuation du programme nucléaire ? Un pays a besoin d’énergie pour fonctionner, le Japon n’a pas de ressources en gaz ou en pétrole, le nucléaire est donc un secteur stratégique vital. Il est donc obligé de continuer avec pour produire son électricité, le mot d’ordre est donc « Pas de panique, tout va bien »
Les industriels du nucléaire américain, français et japonais qui sont influents, veulent aussi continuer à faire fonctionner leurs centrales et en vendre dans le monde entier mais c’est faire facilement abstraction de la santé des gens et en mentant sur la gravité de la situation, on empêche de prendre les bonnes décisions.


Sauver l’essentiel
Le danger de la radioactivité ne se voit pas et ses effets sont tardifs, on a donc tendance à faire comme si cela n’existait pas, mais si on ne fait rien, dans vingt ans ce sera terrible.
Quand par inadvertance, je heurte une fourmilière, je regarde ce que font les fourmis, elles pensent d’abord à sauver l’essentiel, leurs œufs. La jeunesse d’un pays c’est sa vie elle permet la reproduction, ce ne sont pas les vieux qui font les enfants. A quoi bon élever des enfants et former des écoliers ou des étudiants à Tokyo ou Fukushima, si, vingt plus tard, ils font tous des cancers de différents organes et si, ayant atteint l’âge de procréer, leurs enfants sont des monstres difformes ?
Aussi  faut-il mettre à l’abri cette jeunesse et ses chromosomes qui vont permettre à de nouveaux enfants sains de naître à leur tour. Il faut donc déplacer les populations jeunes vers le sud du pays où il n’y a pas eu encore de contamination.
Les régions du Nord-est du Japon et de Tôkyô doivent être réservées pour les plus de cinquante ans qui ont un turn-over des cellules plus lent et qui sont donc moins sensibles aux rayonnements pour faire des cancers.
Il ne faut pas attendre en croyant que cela va se faire tout seul, c’est urgent d’organiser cette transformation globale du fonctionnement du pays. Il faut revoir l’organisation du pays en fonction de la carte de la radioactivité et fonder une nouvelle capitale pour le Japon, une capitale du 21°siècle pour la jeunesse à Shikoku.
On croit que tout continuera comme avant, mais c’est une grande erreur, il s’agit d’une course contre le temps pour préserver la jeunesse d’un danger qui ne se voit pas, mais dont les effets seront dévastateurs et irréversibles. Les effets de la radioactivité sur la santé des enfants sont très bien connus après l’accident de Tchernobyl, le Césium détruit le muscle du cœur et produit de l’arythmie, et ils meurent très tôt même pour des faibles doses dans l’eau ou l’alimentation car les doses s’accumulent.
D’après « Food watch » un organisme scientifique allemand qui étudie les effets de la radioactivité, il suffit d’atteindre une dose de l’ordre de 80msv par an, pour compter 400 enfants morts par an sur 100.000, sans compter toutes les maladies secondaires qui apparaissent dues à la dégénérescence des organes.


Surveiller la chaîne alimentaire
La situation de la centrale de Fukushima n’est toujours pas stabilisée  et on ne sait même pas si cela sera possible rapidement ni même dans combien d’années ? Elle émet toujours des particules radioactives dont la toxicité dure des milliers d’années, et elles vont s’étendre lentement comme une tache d’huile poussées par les vents et les courants marins en polluant les sols et les cultures et le long des côtes, les produits de la mer, les coquillages, les poissons, les algues. 
Nier cette réalité pour motif économique en voulant épargner les paysans, les pécheurs ou les commerçants revient à condamner à mort la jeunesse du pays et le pays tout entier.
Comment continuer à consommer du riz, des poissons ou des coquillages si des organismes parfaitement intègres ne surveillent pas tous les jours toute la chaîne alimentaire attentivement et pas seulement en faisant de temps en temps des prélèvements ?
La sécurité de la population doit prévaloir sur le commerce et le profit.
La solution pour les cultivateurs ou les pécheurs ne consiste pas non plus à chercher à vendre leurs produits à l’étranger dans les pays pauvres ou à continuer à vendre en Europe ou en Chine en passant par l’intermédiaire d’autres pays, car tôt ou tard, cela se saura et ce sera considéré comme un grand crime contre l’humanité.
Le renouveau et l’espoir pour le Japon
La situation économique du monde arrive à un moment crucial, l’économie américaine risque de s’effondrer à cause de sa dette de 15000 milliards de dollar et il est fort probable que l’Euro vit aussi ses derniers mois. La Chine et l’Arabie Saoudite sont tout à fait conscients que leurs avoirs en bon du trésor américain sont volatiles comme de la fumée. Aussi ils dépensent rapidement leurs dollars en achetant à l’étranger tout ce qu’ils peuvent, des appartements, des hôtels, des  terrains divers, des usines, des grands territoires en Islande et en Afrique juste avant le crack. C’est ce qui fait monter le prix de l’immobilier à Paris et à Londres.
Le Japon devrait les imiter car le pays ne peut plus fonctionner normalement, amputé d’une partie de son territoire, il n’y a plus assez d’activité pour les cultivateurs et les artisans. La solution consiste à acheter du terrain dans des pays étrangers amis, pour continuer à nourrir le Japon et produire ce dont il a besoin dans divers domaines. Il faut exporter le savoir-faire japonais pour le développement de ces pays et cultiver
là-bas ce dont il a besoin et qui fait son charme. Le vin californien n’est bien sûr pas aussi bon que le vin français, mais on peut quand même le boire. Pourquoi ne pas cultiver à la japonaise du thé vert ou des aubergine dans un autre pays d’Asie? Le Japon a toujours vécu trop replié sur lui-même en pensant être un peuple spécial comme tous les insulaires.  
Le réveil de la foi  
Nous étions à Lourdes quand la première centrale a explosé, et en voyant à la télévision le gros nuage noir s’élever au dessus des bâtiments, j’ai compris que cela venait du cœur du réacteur et que c’était extrêmement grave. Tout de suite, nous sommes allés voir les religieuses chrétiennes carmélites que nous connaissons depuis de nombreuses années et nous leurs avons demandé de prier pour le Japon, ce qu’elles ont fait. Plusieurs couvents se sont associés dans cette prière. Une religieuse a dit : « Peut-être que cette épreuve fera retourner les hommes vers la prière ? »
Les hommes dans les pays riches perdent la foi et les centres religieux se vident, quelles que soient les religions, parce qu’ils ont stimulé leur intellect en oubliant de développer des qualités dans leur cœur.
Regarder longtemps des écrans de télévision ou d’ordinateur stimule toujours les mêmes zones du cerveau visuel et renferme l’esprit sur lui-même, et les gens s’isolent de plus en plus, ils vivent dans des mondes imaginaires. Leur conception du monde est de plus en plus abstraite et binaire, comme dans un jeu vidéo, oui ou non, gagné ou perdu.
Tout ceci est coupé de la réalité humaine, qui est faite de nuances bien plus subtiles et qui éveille la sensibilité du coeur.  Plus on est ignorant, plus on croit tout comprendre, avoir accès à beaucoup d’informations n’est pas suffisant pour sentir en soi la force de vie de l’univers.
Aussi, pour beaucoup de jeunes, la religion parait être une coutume stupide parce qu’ils n’ont plus l’intuition du cœur ni la sensibilité qui permet de percevoir les autres mondes.
C’est pourquoi, ils en arrivent à faire des cérémonies pour les morts sur Internet pour leurs parents ; c’est vraiment affligeant de voir perdre une tradition si profonde!
Quand on prie chez soi avec un moine pour aider l’âme d’une personne décédée, elle vient assister dans l’invisible à la cérémonie et se réjouit de voir sa famille réunie qui pense à elle, c’est cela son bonheur, mais qui peut encore comprendre cela au Japon ?
C’est l’expérience dans le monde réel qui permet de devenir un être humain en contrôlant ses pulsions et en faisant des efforts de réflexion.
Pour connaître le monde spirituel il s’agit de développer de la sensibilité en s’intéressant avec une attention respectueuse aux autres hommes, à la vie de la nature, aux animaux et aux fleurs, il y a alors un échange subtil qui épanouit le cœur qui n’est pas du domaine de l’imagination.
Dans le silence intérieur pendant la méditation, on peut développer la bonté, la douceur, la paix intérieure.
Cela demande un peu de temps d’approfondir sa pratique, mais c’est beaucoup plus amusant que de poursuivre des buts matériels, car, rien dans le monde concret ne peut combler notre vide intérieur et nous serons toujours insatisfaits.
C’est pourquoi les hommes veulent toujours plus de biens. La progression des besoins des hommes est infinie, mais la terre est limitée et ses ressources aussi, l’écosystème ne pourra le supporter.
Aussi la solution pour l’avenir c’est de chercher le bonheur en soi plutôt que dans l’accumulation des biens matériels. Pour connaître le monde des Bouddhas il faut prier sans cesse pour conserver sa joie intérieure et se détacher du monde.


« Qui ne connaît pas la vérité n’est qu’un imbécile. Mais qui
la connaissant, la nomme mensonge, celui-là est un criminel. » Bertolt Brecht.


NB : Nous avons en France la vieille centrale de Fessenheim, construite sur une faille sismique celle-ci est  plus particulièrement exposée aux tremblements de terre. Au regard de ce qui s'est passé à Fukushima et de ses conséquences il faut la fermer d'urgence ! Ici comme au Japon nous ne sommes pas à l'abri  d'un "cygne noir", autrement dit d' évènements imprévisibles ou improbables qui se révèlent catastrophiques quand ils se déclenche que ce soit pour l'environnement, les populations, voir le pays dans son ensemble!

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    merci beaucoup pour cet article très complet, qui représente très bien la situation.
    Cela fait du bien de vous lire.

    Je suis française mariée à un japonais, et habitant actuellement près de Nara.
    La première fois que nous sommes revenus après la catastrophe, mes beaux-parents avaient préparé un énorme plat de sushis et sashimis, et, tout en m'en délectant, je ne pouvais m'empêcher d'avoir une boule dans le ventre, en me disant que je n'avais aucuns moyens personnels pour savoir si ces poissons avaient une trace de radioactivité, et que plus rien ne serait jamais comme avant...

    Lorsque j'aborde parfois le sujet de la radioactivité, je me rends compte que les japonais sont très fatalistes.
    "On ne sait jamais quand on va mourir " me répondent-ils.
    Je comprend cette réaction qui doit être en grande partie due aux catastrophes (tremblements, typhons etc) récurrentes au Japon, mais concernant la radioactivité, si l'on peut se détacher du problème par rapport à soi-même, comment peut-on imposer cela à nos jeunes enfants, ou enfants à venir?

    J'en conviens, rien ne sert de stresser sur un danger que l'on ne peut pas voir par soi-même, et la prière quotidienne, les balades dans Nara, face à la nature et aux temples et sanctuaires m'aident, de mon côté à me détacher de cette peur latente.

    Malgré tout, il ne faut selon moi pas pour autant ignorer le problème.

    C'est certainement mes gênes et ma culture française qui me font réagir de la sorte, mais si le fatalisme positif par rapport au destin est une chose nécessaire pour vivre un quotidien serein, cela pousse aussi les japonais à accepter sans broncher (ou presque) toutes les décisions du gouvernement, qui devrait certainement penser plus activement à des solutions, notamment de migration des populations, si la pression du peuple était plus forte!

    Bref, il faut clairement penser à des solutions plutôt que d'ignorer la situation, c'est une réalité.
    N'ayant encore que 24 ans, je n'ai aujourd'hui pas d'enfants, mais j'y pense de plus en plus, et me demande en même temps quelles solutions adopter : retourner en France lors de ma grossesse? Déménager temporairement dans une région encore plus éloignée, cultiver mes propres légumes...?

    Ce ne sont malheureusement que des solutions temporaires et personnelles, et même si nous pouvons agir chacun et nous entraider, les mesures à prendre pour un futur durable doivent être prises par le gouvernement.

    Or, il ne semble pas prêt à le faire.

    Clara Maeda

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  2. Bonjour.
    J'ai un boulanger bio près de chez nous, qui a hébergé une wwoofeuse japonaise. Elle était en France lors de la catastrophe de Fukushima.
    Quand il lui en a parlé, c'était donc quelques mois après, il m'a dit que son visage s'est éteint, et que c'était le black out total.
    Je pense qu'on n'imagine pas ce qu'ils ont pu subir, et que toute culture fataliste qu'on aie, là on dépasse les limites de l'imaginable, de Hiroshima ou Nagasaki, vieux fantômes qui ont dû être réveillés et sortir de leurs tombes.
    Car là, il s'agit non plus de perdre ou gagner une guerre, une ville, ou des centaines de milliers de personnes.
    Il s'agit de détruire une planète plus ou moins rapidement.
    et ça, oui, c'est un sacré poids sur une conscience.

    Seules, à mon avis, nos décisions en tant que consommateurs pèseront sur tout ça. C'est là où nous avons la choix.

    Laurent
    http://faceaumur.over-blog.com

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