Komyo-In

lundi 19 décembre 2011

L’heure de la vérité
Faites aujourd’hui ce qui doit être fait demain ; faites ce matin ce qui doit être fait ce soir ; la mort n’attend pas que vous ayez achevé votre tâche
Mahabharata
La cause du bonheur
Le mot bonheur en langue française est formé de deux mots accolés, bonne et heure, signifiant que des circonstances se produisent spontanément au bon moment pour permettre la réussite d’un projet. Récemment, j’ai voulu acheter dans un magasin situé à 50 Km de Kômyô-in une grande tente blanche pour une cérémonie ; mais comme elle n’entrait pas dans ma voiture, j’allais y renoncer. Cependant j’ai remarqué devant la porte du magasin, un homme d’origine arabe qui chargeait sa camionnette et je lui ai demandé où il habitait. Comme c’était juste à côté de chez moi, il a accepté de me l’apporter contre un peu d’argent, quand nous nous sommes quittés je lui ai dit que notre rencontre était due au doigt d’Allah.
Le bonheur vient parfois sans l’avoir cherché, comme des amis qui se rencontrent au loin, sans s’être concertés et la possibilité logique pour que cela arrive est parfois tellement faible qu’on peut se demander si cette rencontre n’a pas été favorisée par une intelligence tellement profonde, que notre conscience ordinaire ne peut la concevoir.
La prise de refuge dans le Bouddha permet de se relier avec cette intelligence qui dépasse tous les systèmes de représentation culturelle du monde. Elle agit alors dans notre vie en créant au bon moment  des liens avec d’autres hommes sans que nous soyons réellement conscients de son efficacité car nous croyons que c’est juste le hasard ou le fruit de nos efforts.
L’univers est vivant et nous répond à la mesure de notre respect à son égard. Si nous vivons dans la critique et les récriminations en accusant le monde entier de nos malheurs, ou encore si nous agissons sans maîtriser notre avidité ou notre sensualité, nous ramenons tout à nous et nous enfermons sur nous-mêmes dans une carapace de mauvais actes et rien ne se passe.
Si au contraire, nous vivons dans le sentiment de respect de la sensibilité des autres et cultivons un sentiment de reconnaissance pour toutes les grâces que nous avons déjà reçues, notre cœur est éveillé et tout vient spontanément parce que ce n’est pas nous qui agissons mais le Bouddha qui fait sa volonté à travers nous.  
Toutes les créatures et leurs activités sont l’expression du Bouddha transcendant, il est donc légitime de les traiter avec compassion et respect. La conduite juste du bouddhisme consiste à apprendre à vivre en harmonie même au contact des êtres les plus terribles ou les plus décevants, sans se laisser influencer.
Nous pouvons perdre un bien matériel, recevoir une injure ; mais si nous perdons notre âme en commettant un mauvais acte ou en la durcissant par le ressentiment, nous perdons bien davantage, nous perdons la possibilité d’être heureux.
Aussi nous ne devons jamais oublier la compassion car le Bouddha est partout, même dans le voleur ou le pire tyran qui deviennent pitoyables quand ils perdent, ce qui ne signifie pas qu’il faut les laisser faire.
Ce qui nous sépare les uns des autres et crée les conflits, c’est une vue étriquée de la vie.
Par peur, vanité, ou paresse intellectuelle, on préfère ceux qui nous ressemblent et on rejette tout ce qui est différent de nos habitudes de penser ou de vivre.
Cet instinct grégaire tend à nous rassurer sur notre valeur personnelle du fait que les autres font comme nous, mais cela a le désavantage de nous enfermer dans des vieux schémas de pensée.
Le sage ne s’attache pas à une seule vérité, il y a tellement de manière de comprendre le monde ! Il est curieux de se comprendre lui-même et encore plus de s’épanouir au contact des autres pour dépasser les limitations de son mental. Il se cultive et s’observe lui-même en train de penser, pour se corriger des points de vue partisans ou des attachements illusoires.
Celui qui ne s’attache pas à un seul point de vue est fluide au niveau de sa pensée, il vit à un autre niveau de conscience, il voit des amis partout, chaque chose lui parle, chaque insecte est un messager et il écoute la grande voix de l’univers qui s’exprime par tous les sons de la nature.
Ainsi, plus on s’oublie soi-même, plus on devient conscient de l’unité de tous les phénomènes et vivre revient à savoir s’adapter, à danser avec la force de vie unique qui s’exprime dans la diversité.
Suivre le dharma c’est donc sans cesse se poser la question « Suis-je au bon endroit, au bon moment, mes propos et mes actes sont-ils adaptés aux besoins des autres ? ».
Quand le cœur devient un pur miroir dans la vacuité, il perçoit le cœur des autres grâce à sa sensibilité et il s’adapte à chaque situation spontanément sans effort.
Cependant nous ne pouvons compter seulement sur nous-mêmes. Ni nos propres forces, ni notre intelligence ne peuvent suffire à notre salut parce que nous sommes de simples êtres humains émotifs, influençables, souvent stupides dans nos réactions à chaud ou en période de stress, car on oublie facilement ses principes et on fait exactement le contraire. C’est seulement quand on prie sans cesse avec une foi ferme que la sagesse descend du monde supérieur et que les obstacles sont devinés. Il faut être relié aux Bouddhas pour être stable soi-même et pouvoir aider les autres efficacement. Yukaï Senseï

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